Cela
faisait trois jours que nous nous reposions chez les deux Hulotes et
profitions des délices que pouvaient offrir une île paradisiaque.
J'avais pu me recentrer sur moi-même et reprendre toute mon énergie,
aidée par nos longs bains de soleil et nos sessions baignade. Gnas
était grandement responsable de ma remise sur pied, il faut dire que
chacune des journées que nous passions ici était entrecoupée de
nos ébats, qui devenaient de plus en plus savoureux; désormais
habituées l'une aux envies de l'autre. Sa passion et son désir me
réconfortaient avec ce que j'étais et ce que je pouvais être; je
me rendais par ailleurs bien compte que tout ce qu'elle me donnait,
me rendait plus forte et plus sûre de moi, plus que jamais je
n'avais pu l'être, avec ou sans épée dans la main. Notre
complicité n'était plus à remettre en doute, et je sentais au fond
de moi, que si mes sentiments n'avaient pas toujours été d'une
grande stabilité, elle faisait naître en moi quelque chose de
nouveau : l'amour. C'est en repensant à notre première rencontre, à
son premier sacrifice pour moi, que je prenais entièrement
conscience de ce qui irradiait d'elle en permanence; sans trop le
remarquer, elle m'aimait et l'avait sûrement toujours fait. Bien que
cette sensation prenait de l'ampleur au sein même de mon corps et de
mon âme, je ne me sentais encore pas assez forte pourtant, pour lui
avouer que j'étais prête à ne faire qu'un avec elle, et pour
toujours. Cela ne l'empêchait pas de continuer à prendre soin de
moi et de me dévorer un peu plus chaque jour. Je passais mon temps à
me blottir contre elle, je fondais littéralement sous ses étreintes,
ne pensais qu'à son sourire, je me languissais d'elle dès que son
corps s'éloignait du mien; selon Tne', je commençais même à
roucouler davantage qu'un Hulote en mal d'amour. Ce dernier par
ailleurs, s'était un peu impatienté de pouvoir retrouver Decadrys,
dont je connaissais désormais le nom, et préparait donc avec grande
hâte la suite de notre périple ; qui, bien entendu, entendait un
passage dans la forêt où sa dulcinée l'attendait sûrement. Sans
que ce détail ne nous dérange, nous acceptions son idée, prévoyant
d'ici peu notre départ de l'auberge. Gnas et moi, avions donc
profité de cette dernière après-midi pour nous enfuir et aller
faire l'amour une fois encore dans la caverne ensablée qui avait vu
naître notre puissante envie de l'une envers l'autre.
Ce
n'est qu'au crépuscule, sous un soleil ocre et orange, que nous
rejoignions enfin notre logis, où nous retrouvions Tne' et le couple
Hulote entrain de converser, le tout animé par une sensation de
crainte inhérente à leurs tons. Nos hôtes semblaient très
préoccupés et pour cause, Noctalya qui durant ces derniers jours ne
s'était jamais réveillée avant que le soleil ne soit entièrement
couché, se trouvait elle aussi dans la pièce commune et semblait
bien plus alerte que quelqu'un que l'on vient de tirer du sommeil.
Nous prenions place avec les autres près de la cheminée, où la
discussion semblait maintenant s'enflammer autant que les rondins de
bois dans l'immense foyer. Les regards s'étaient apaisés le temps
de nous saluer, tandis que la houle verbale allait reprendre son
cours.
"C'est
une catastrophe si cela se produit. Notre monde pourrait même courir
à sa perte... Scandait
Noctalya furieuse.
-Que
se passe-t-il ? Interrogeais-je l'assemblée, voulant comprendre
de quoi parlaient-ils.
-Il se
passe que la Reine Sombre est entrain de déplacer ses armées sur
Mithreïlid, et a déjà engagé des combats sans précédent un peu
partout. Me répondait Ghast.
-Mais
ce n'est pas tout... Poursuivait Tne'.
-En
effet, cette dernière, outre massacrer la population a commencé à
incendier de vastes parcelles de forêts aux quatre coins de
Teysandrul.
-Mais..
Et tes copines les féliciennes Tne' ? Ne vont-elles pas devoir
partir à la guerre ? Venait de lancer Gnas, assez
compatissante.
-Et
bien pour l'instant...
-Leur
sylve n'est pas encore menacée. Apprenant cette terrible nouvelle,
votre ami s'est empressé d'indiquer à Noctalya la position de leur
village pour qu'elle puisse s'assurer de leur situation. Fort
heureusement, leur région est épargnée.
-Mais
vous avez fait l'aller-retour si vite ? S'étonnait Gnas.
-En
volant, il faut peu de temps pour atteindre cette forêt. En l'espace
de quelques heures c'était fait, rien de bien fou, ouh.
-J'avais
oublié ce détail. Mais nous...
-Nous
ne devons pas traîner. Reprenais-je, en interrompant Gnas. Je
comprends que Tne' s'inquiète. Moi même je suis secouée par ces
nouvelles. Connaissant l'étendue de la folie de ma mère...
-Votre
mère ? S'exclamaient en cœur le couple Hulote.
-Et
oui.. Fatalement ce monstre n'est autre que ma mère. Avouais-je
quelque peu déconcertée.
-On ne
choisit pas ses géniteurs, après tout, ouh. Ma pauvre enfant.
-Mais
qu'est-ce que vous comptez faire ? Nous interrogeait Ghast.
-Cela
me semble lipi... pinli... clair. Arguait rapidement Gnas.
Nous allons nous rendre chez cette cinglée et la cogner jusqu'à ce
qu'elle arrête une bonne fois pour toute.
-Je
suis d'accord. Acquiescions-nous, Tne et moi.
-Mais
c'est de la folie. La ville risque d'être en ébullition, et c'est
en imaginant que vous arriviez jusque là-bas en un seul morceau.
-Je ne
peux...
-Evi'
ne peut pas rester la fille d'une personne pareille. Me coupait
Gnas. Elle est la cause de tous ses problèmes, moi, je ne veux
que l'aider. Si en plus nous sauvons Mithreïlid, nous serons des
héros ET en plus Evi' sera délivrée d'un sacré fardeau. Pas vrai
mon Evou' ? Me souriait-elle.
-Evou',
haha... Ricanait Tne'
-Tu as
raison, puis ensemble, elle ne nous arrêtera pas. Soutenais-je
Gnas.
-Tout
de même. Vous risquez de croiser des cohortes partout sur votre
chemin. S'inquiétait Ghast.
-Je ne
m'en ferai pas si j'étais vous. Lâchait Tne'. À elles deux,
elles peuvent presque affronter chacune une armée, mais ensemble...
Il levait les yeux au ciel. Priez juste pour qu'elles luttent
pour le bon camp, sinon, je ne vois pas qui peut les arrêter.
-Que
d'éloges. Mais vous semblez bien sûr de vous, ouh.
-Je ne
considère pas spécialement ça comme étant un compliment.
Soulignait Tne'. Être capable de massacrer sans broncher
plusieurs milliers de soldats, ça n'a rien de bon. Peut-être que
pour une fois, cela pourra s'avérer être bénéfique.
-Ne
sois pas jaloux comme ça. Murmurait Gnas. Tu ne t'ai jamais
retrouvé face à l'une de nous, je ne vois donc pas où est le
problème.
-Je ne
serais sûrement plus là pour en parler, si tel avait été le cas.
-Donc...
? Insistait Gnas.
-Donc
quoi ?
-Donc
tu es content. Dis que tu es content. Maugréait-elle.
-Je
suis content. Soufflait-il sans le moindre enthousiasme, sous le
regard un peu attisé de Gnas. Je suis très content ! Oh ça va,
hein.
-Au
bonheur.
-A la
bonne heure... La reprenait-il. Mais c'est pas grave.
-Quoi
qu'il en soit. Le voyage va vous prendre du temps. Vous comptez y
aller directement ?
-Nous
ne pouvons pas laisser le continent se faire juguler par Irasandre.
Qui sait quelle idée a-t-elle réellement en tête. Une guerre sans
rien de caché derrière... J'en doute fortement. Qui plus est, si
elle détruit les forêts, cela n'est pas sans raison. Quelque chose
d'autre se trame. Soufflais-je.
-Si en
plus d'autres clans se rassemblent sous sa bannière, sous la crainte
ou la menace... Cela pourrait être pire pour tous les habitants
pacifiques de Mithreïlid. Rétorquait Tne'.
-On
dirait... On dirait qu'elle cherche à reproduire le siècle de la
Grande Nuit.
-Cent
ans de massacre ? Tout mais pas ça. Notre histoire en a déjà
trop souffert. Tous les ouvrages en témoignent. Qu'est ce qui avait
empêché cela de se conclure complètement ? Questionnait
Tne.
-Vous
nous demandez, mais personnellement, je n'en sais sûrement pas plus
que vous, ouh. Certains écrits relatent que c'est Herylisandre, qui
avait déclenché cette dernière.
-Herylisandre
? Clamais-je.
-N'était-elle
pas la déesse de la Justice ? C'est bien ce que vous m'avez dit.
-C'est
bien ça. Seulement, la Justice ne vaut rien si elle ne tranche qu'en
faveur d'un seul camp, et dans le cas de la Grande Nuit, le mauvais ;
c'est tout, ouh. Celle qui la défit et empêcha que le continent ne
sombre dans une ère de ténèbres, c'était Teïnelyore.
Malheureusement, la dernière fois que quiconque la vit, c'était
dans le même désert où elles se sont entre-tuées.
-N'aurait-elle
pas eu de successeur ? Ou même des membres de son clan ? Quelqu'un
qui partageait ses idées ?
-Hul
racontait souvent que son ethnie avait disparu, pourchassée par les
disciples enragés d'Herylisandre. Comme beaucoup d'autres tribus
ayant guerroyé à ce moment-là. Néanmoins, il en va sans
dire qu'Irasandre est sa fille, et que vous, ouh...
-Je
suis sa petite-fille ? Cette famille... C'est une vraie calamité.
Pensais-je. Si tel est le cas, je pourrais au moins inverser
l'ordre des choses.
-Ce ne
serait pas la première fois qu'une famille tourne mal et que les
descendants de cette dernière doivent rétablir la paix en son sein.
-Irasandre
est une grande adepte de magie noire. C'est bien le souci
supplémentaire et en même temps ce qui nourrit mes craintes.
-Il
n'y a pas de temps à perdre Evi'. Cela va vite devenir un problème
pour tout le monde, sinon.
-Puis
à force d'en entendre parler de cette Ira-truc, je commence moi
aussi à en avoir marre. Soulevait Gnas. Au moins, quand elle
ne sera plus, Mithreïlid ne connaîtra peut-être plus jamais la
guerre !
-Je
vais de suite vous préparez un sac de vivres. S'empressait de
crier Ghast en se dirigeant vers la cuisine.
-Ouh.
Je vous aimais bien moi, ça va me manquer de jeunes aventuriers
comme vous, ouh.
-Si
nous partons, il faut que nous vous payons.
-Oh
certainement pas, ouh ouh. Pouffait Noctalya. Vous partez
affronter l'ennemi de tout le continent. Vous nous paierez quand vous
reviendrez et j'insiste sur votre retour. Vous devez survivre !
-C'est
fort sympathique... Mais nous ne sommes pas sûrs de...
-Ouh
ouh. M'interrompait-elle. Nulle place n'est laissée au doute.
Nous croyons en vous, ouh. Je suis certaine que vous pouvez changer
les choses. Filez préparer vos bagages. Dame Evialg, faites bonne
usage de ma tenue, je vous la lègue. Elle est aussi somptueuse
qu'elle vous protégera, elle en a vu des péripéties, ce n'est pas
dans un garde-robe qu'est sa place.
-Mais
c'est...
-N'insistez
pas. Elle est à vous, ouh.
-Merci.
M'inclinais-je."
Nous
nous affairions à rejoindre nos chambres, j'aidais Gnas à emballer
ses affaires. Quelque peu mélancolique de devoir quitter ce lieu, je
sentais les larmes me monter aux yeux. Gnas le pressentait et me
venait me serrer contre elle.
"Je
serais toujours avec toi à présent. Je te promets que nous
reviendrons ici toutes les deux. Tout se passera pour le mieux."
Elle
accompagnait ses mots d'un baiser langoureux et plantais son regard
dans le mien. Je savais que je pouvais lui faire confiance. Mais je
ne pouvais m'empêcher d'imaginer le pire, j'avais si peur de la
perdre ou même de mourir. C'était comme si désormais, je pouvais
vraiment y perdre à m'éteindre définitivement. Je me lovais contre
Gnas, souhaitant seulement que tout se passe bien. Nous terminions de
balloter les quelques guêtres et babioles que Gnas avait dû
accumuler quand elle avait vécu seule. Nous quittions la pièce bien
douillette et retrouvions Tne' en bas.
Ghast
revint en faisant léviter un barda plein de nourriture devant lui,
qu'il nous confia. Tandis que Noctalya arriva elle aussi, tenant du
mieux qu'elle le pouvait un petit objet en bois qu'elle tendait
désormais à Tne'.
"Cher
ami Tnemesnap. J'aimerais que vous emportiez avec vous un appeau. Si
jamais il devait vous arriver malheur, soufflez-y. Peut-être
n'entendrez vous aucun son en sortir, mais les rapaces à proximité,
eux, l'entendront. Ces derniers me préviendront et je viendrais vous
aider aussi vite que mes ailes me porteront. C'est entendu ?
-Entendu.
Récupérait-il en même temps la babiole. Merci encore de
m'avoir conté l'histoire de notre peuple.
-Merci
à vous, ouh. Merci de l'avoir écoutée."
Tous
deux nous saluaient une dernière fois, alors que Noctalya allait se
réfugier dans les ailes de son mari, attristée de nous voir partir.
Nous sortions de la grande pièce, puis de l'auberge et enfin
atteignions le pont qui reliait cette superbe île à notre dangereux
destin. Personne n'avait prononcé un seul mot depuis le départ,
nous nous contentions avec Tne' de suivre Gnas, qui, le nez tendu
vers les étoiles, nous guidait vers le village arboricole que je ne
connaissais pas encore.
Ce
n'est qu'après une longue journée de marche et quelques heures
après la nuit tombée que nous pénétrions dans la forêt abritant
le peuple des féliciennes. Le sens de l'orientation de Gnas ne lui
avait pas fait défaut, nous arrivions en vue des immenses cimes et
de la canopée où vivaient les femmes-félines. Arrivés au pied
d'un bosquet légèrement dégarni, Tne' hurla la tête levée vers
les feuillages et c'est ainsi que deux colosses en fourrure nous
accueillirent, reconnaissant notre chétif camarade -à ma plus
grande surprise- et nous escortèrent vers une plate-forme au sommet
des arbres.
Une
fois tout en haut, les deux créatures reprirent leurs apparences
normales. Je découvrais alors cette tribu, à mon tour, qui ne
semblait peu encombrée par la pudeur. On nous priait d'attendre,
sous le ciel étoilé et complètement dégagé. Gnas m'attrapait la
main et me désignait plusieurs constellations, celles qui lui
avaient permis de se souvenir comment venir jusqu'ici. Je restais
abasourdie, parce que dans la forêt, réussir à voir les étoiles
avec un toit de feuillage était plutôt complexe. Néanmoins, je
n'en étais pas moins impressionnée, surtout en me retrouvant nez à
nez avec toute cette immensité paisible, la tête au-dessus des plus
grands arbres.
Ma
surprise n'allait pas s'arrêter là. Trois feliciennes
métamorphosées arrivaient à nous. Tne' jetait son sac au sol, et
fonçait droit sur l'une d'entre elle, celle dont l'imposante tête
était garnie d'une coiffe gigantesque, constituée de pierres
précieuses et de multiples fleurs. J'allais m'avancer, de crainte
que Tne' ne soit entrain de vouloir mener un assaut seul, contre ces
trois monstres, cependant, Gnas me retenait en douceur.
L'immense
bête que Tne' visait, ouvrit en grand ses bras, tandis que notre
compagnon, sauta du plus haut qu'il le put. La créature bidèpe l'y
accueillit et bouche contre bouche, reprit sa forme humanoïde et se
laissa tomber en le rattrapant, notre nabot tout collé contre elle.
Je me retournais vers Gnas, l'air ébahi.
"Ne
me regarde pas comme ça. Moi aussi je suis étonnée. Enfin, même
sous le choc.
-C'est...
-Improbable
? Complètement.
-Décidément,
il sera toujours surprenant celui-là.
-Oui
enfin, pour certaines choses peut-être... Pour d'autres un peu
moins. Regarde. Gnas m'invitait à scruter à mi-hauteur nos
nouvelles hôtes. Tu as vu leurs poitrines ? Toujours à
l'air et si grosses. Elle se palpait à travers sa tunique.
-Ne
t'inquiète pas. La tienne est parfaite quand même. Riais-je.
Cela dit, tu avais raison. Il y a bel et bien des détails pour
lesquels il est complètement prévisible.
-Maître
Gnas !! Maître Gnas ! S'approchait en criant vers nous une des
deux autres femmes. Vous êtes revenue ! S'exclamait-elle, les
yeux brillants.
-Arrête,
je t'ai déjà dit que je n'étais pas ton maître. Evialg je te
présente Yzidrys. Yzidrys, voici Evialg, mon amoureuse.
-Waouh
! Vous devez être sacrément forte pour être sa chérie, pas vrai ?
-Et
bien... J'hésitais à répondre, je me sentais un peu prise
d'assaut par les cris de cette jeune félicienne.
-Ne
fais pas ta timide. Glissait Gnas en me mettant la main aux
fesses. Montre-lui comment tu dégaines ton épée.
-Bon,
et bien soit."
Je
songeais à la plage, à la couleur et au son dégageait par ma lame
ce jour-là... J'espérais ne pas avoir à nouveau cet enfer bruyant
face à moi. Je me concentrais quelques instants, et laissais mon
énergie fluctuait en moi. Dans un éclair lumineux, mon épée se
matérialisait, sous le regard bouleversé de la femme. Elle était
aussi claire qu'une perle, toute aussi scintillante, sa forme elle
cependant n'était plus du tout la-même; moi qui croyais générer
une épée, je venais de faire apparaître une demie-lune crantée
dont la garde était assez grande pour y mettre mes deux mains. Puis
la laissait s'évaporer dans le même halo de lumière.
"WOUAAAAAAAH
! Mais c'est incroyable !! S'exclamait Yzidrys admirative.
Ohlala j'aimerais tellement pouvoir faire ça moi aussi..
-Tu te
transformes bien en félin géant toi. Lançait Evi'. C'est
aussi un sacré chouette don, non ?
-Dis-donc
Maître Gnas. En plus d'être une femme douée, votre chérie, elle
est super gentille.
-Pas
du tout. Répondait Gnas, attirant mon regard vers elle. Elle
est parfaite. M'embrassait-elle avec tout son cœur.
-Owwwww.
Yzidrys était aux anges. Vous êtes si belles toutes les
deux. Je suis tellement jalouse de vous ! Clamait-elle en nous
souriant.
-Gnas.
Je me retirais de ses lèvres. Qui est la troisième femme qui
s'est détournée de nous tous ?
-Hmmmm.
Je suppose que tu parles de Meladrys, la fille de l'ancienne grande
prêtresse. Celle qui a voulu tuer notre cher nabot-ailé. Avant que
je ne l'en empêche en fait.
-Ah...
Je comprends qu'elle se soit éloignée de Tne', assister de si près
à leurs bécotages, non merci mais...
-Je
pense qu'elle ne nous aime pas du tout. En fait. Disait simplement
Gnas sans aucune animosité. Elle est très con... conver...
Hmmm. Tu sais quand tu veux que les choses restent comme avant ?
-Conservatrice
?
-Oui
voilà. Elle estimait que Tne' était un danger. Elle riait à ses
propres mots puis reprenait. Bref, elle ne voulait pas qu'il
puisse dire où sa tribu vivait et donc voulait le zigouiller puisque
lui savait.
-Peut-être
devrait-on aller la voir toutes les deux, non ? Cela pourrait
arranger les choses ? Lui suggérais-je.
-Oui,
si tu veux. De toute façon, Tne' il n'y a plus rien à en tirer.
Regarde le s'emmitoufler dans les seins de sa calcinée. On ne pourra
pas l'en retirer, je suis sûr qu'il en deviendrait violent si nous
essayions.
-Dulcinée,
Gnas, dulcinée. La corrigeais-je en riant. Bon et bien
allons-y. Bonsoir. Susurrais-je à la félicienne dont je m'étais
rapprochée et qui ne semblait pas vouloir nous faire face.
-Hmmm.
Bonsoir. Se forçait-elle à répondre.
-Je
suis...
-Une
étrangère, oui, je sais. Mais je n'en ai que faire, c'est de vous
que viendra notre perte. De toute façon, je ne faisais qu'escorter.
On a plus besoin de moi, ici. Elle finissait sa phrase, et se
laissait tomber, se rattrapant quelques mètres plus bas.
-Et
bien... Tu avais raison Gnas. Elle n'a pas l'air très avenante.
-Ne
vous inquiétez pas madame Evialg ! Moi je vous connais à peine et
je vous apprécie déjà ! Gloussait la "disciple"
de Gnas.
-Bon
par contre ce n'est pas tout mais... Gnas baillait. Nous
n'avons pas dormi la nuit dernière, je ne pense pas que Tne' et la
Grande Prêtresse ne nous parlerons davantage ce soir, ils ont l'air
bien occupés alors que NOUS SOMMES ENCORE LÀ. S'exclamait d'une
voix plus forte Gnas, sans même les faire réagir. Tu crois que
tu pourrais nous conduire à une hutte libre ?
-Oh
bien sûr, mais vous n'avez pas de griffe alors il faudra sauter,
d'accord ? Nous confirmait Yzidrys.
-Nous
te suivons. Acquiesçais-je, saisissant le bout des doigts de
Gnas."
C'est
ainsi qu'en quelques bonds, nous atteignîmes une cabane fixée à un
gigantesque tronc, dans laquelle nous nous engouffrâmes pour y
découvrir une épaisse paillasse moelleuse, sur laquelle nous nous
installâmes enchevêtrées l'une sur l'autre. Avant que nos yeux ne
se ferment.
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